Des chiffres #1 Les SDF et la mort
Publié par Pomme
Aujourd’hui, à Paris, avait lieu un hommage aux « morts de la rue ».
– Synthèse de Presse de l’INSERM :
« Les SDF et la mort
L’association les Morts de la rue rend hommage, ce soir, à un sans-domicile fixe décédé le 24 mai dernier, indique L’Humanité. Selon elle, 264 sans-abri sont morts ces six derniers mois en France. Le collectif déplore « le silence qui entoure la mort des SDF, dont l’espérance de vie s’élève à 49 ans », souligne le quotidien. Daniel Terrolle, anthropologue, chercheur à Paris-VIII, qui est « l’un des premiers à mener des recherches sur la mort des SDF », souligne dans une interview accordée au journal : « Il n’existe toujours pas d’étude officielle sur leur mortalité ». Il ajoute : « Des statisticiens de l’Inserm m’avaient indiqué que l’on pourrait facilement avancer sur ce sujet en suivant une cohorte de personnes sans abri jusqu’à ‘‘extinction’’ ». Il ajoute : « Ils ne sont pas aidés par l’absence de définition claire, par l’Insee, des personnes sans domicile, et souffrent d’un manque de moyens pour mener cette expertise. Il faut aussi une volonté politique qui n’existe pas ». (L’Humanité, 19/06) » *
Comme tout le monde, avant je m’indignais 5 minutes quand je voyais ce chiffre et puis je n’y pensais plus.
Aujourd’hui ce chiffre, pour moi, c’est des noms, des visages, des habitudes, des rires, des cris, une histoire. On sait bien que les personnes qui vivent à la rue depuis de nombreuses années n’ont pas une espérances de vie très longue, mais à chaque fois ça fait quelque chose. Pour tout le monde c’est le gars auquel on ne fait pas attention. Il est là, il fait parti du mobilier urbain. Mais pour nous, travailleurs sociaux, c’est le gars qui vient manger tous les jours, avec qui on a des projets (même petits) et un jour, en lisant le journal on apprend qu’un SDF est mort, ici ou là. Alors commence une course à l’information. On appelle les collègues, les urgences, la mairie. On questionne les autres accueillis… et puis un nom tombe… à chaque fois ça fait quelque chose, parce qu’à chaque fois ce sont des morts subites, et parfois dans des conditions horribles…
Depuis que je travaille à l’asso, j’ai appris que lorsqu’une personne n’a pas les moyens de payer un enterrement (soit son compte en banque est vide, soit il n’a pas de famille connue) on fait appel au service des indigents. L’enterrement a alors lieu en toute discrétion. Si on ne se mobilise pas pour avoir des informations, seuls les fossoyeurs sont présents. Le corps est mis en terre dans un linceul. Je ne suis pas sûre qu’un nom soit mis sur une stèle…
Même après la mort nous ne sommes pas tous égaux.
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*http://dircom.inserm.fr/synthesedepresse/2012/06/mardi-19-juin.html
Publié le 19 juin 2012, dans Le Social en France et dans le Monde. Bookmarquez ce permalien. 4 Commentaires.
C’est pas tant une question d’égalité que juste une question de « circuit ». Chaque société est prévue pour fonctionner selon un modèle, qu’il soit bon ou pas n’est pas la question, des dizaines se sont succédées depuis que l’homme vit en « meute », et tout est prévu dans cette société pour tourner dans UN sens. Quand tu sors du fonctionnement, peu importe pour quelle raison, tu rentres plus dans les cases, rien ou quasiment rien n’est prévu pour toi, et ce que tu décris n’en est malheureusement qu’une conséquence logique. Difficile à entendre pour celui qui est concerné ou pour ceux qui s’en occupe, révoltant même pour d’autres, mais en tous cas pas surprenant outre mesure…
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Je pense que c’est ça finalement qui est le plus choquant, c’est que ça ne surprend même pas…
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Merci matshou pour l’animation musicale du blog 😉
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